Je savais qu’on pouvait passer sous des fourches caudines, ou franchir des portillons pour accéder au métro mais j’ignorais que ce pouvait être aussi le cas pour accéder à des pistes de ski de fond. D’où mon ahurissement dans un premier temps auquel succéda dans la foulée un sentiment de colère, car trop c’est trop n’est-ce pas ?
J’ai en effet découvert la mise en place de portillons de contrôle d’accès, à partir de cet hiver, au domaine nordique de La Bresse-Lispach, en bordure, voire sur le site protégé de la tourbière de Lispach, déjà bien défigurée par un tremplin rarement utilisé, des parkings à rallonge etc. Des équipements voyants, non intégrés au paysage, et que l’on peut qualifier d’inutiles et absurdes, construits rappelons-le, sur des zones humides.
« Chouette des portillons automatiques, comme chez nous en ville, vont s’exclamer les skieurs citadins !! ». C’est certain, ceux-ci ne seront pas dépaysés, mais fréquentent-ils le Massif des Vosges, pour être comme chez eux ? De plus, comme si nous n’étions pas suffisamment contrôlés au quotidien, voilà que cela continue pendant nos loisirs, puisque nous sommes à présent suspectés d’être des fraudeurs. Pas sympa comme démarche, de la part d’une commune qui veut attirer des touristes, non ? Et puis, Mesdames et Messieurs les élus de La Bresse, en matière d’équipements, installez donc en ville des panneaux de limitation de vitesse, des dos d’âne, et équipez les trottoirs et les cheminements piétons pour empêcher les véhicules d’y stationner. Là ce sera réellement pertinent.
La nature, c’est le seul bien encore accessible à tous gratuitement. Dans les Hautes-Vosges, en raison d’aménagements répétés, ceci n’est plus vrai. Dénaturer le site de Lispach ou quelqu’ autre site que ce soit est un affront et une injure à ces magnifiques paysages, hérités des anciens. Ils nous les ont laissés intacts, et il est impératif et de notre responsabilité de les protéger. A la surexploitation en cours de ce territoire doit être mis un coup d’arrêt : « Les pentes vosgiennes et leur enneigement moyen devraient satisfaire des amateurs paisibles, nous n’avons aucun besoin de canons à neige qui prolifèrent d’année en année, ni d’aménagements, ni dameuses monstrueuses, ni de ces innombrables pylônes de remonte-pente. Les amateurs de ski-divertissement, peu soucieux du paysage qui les entoure et qui finiront par faire couvrir les pentes de neige en plastique, devraient se chercher d’autres lieux pour leurs exploits. » Voilà ce qu’écrivait une personne signataire de la pétition forte de 10 000 signatures, pour la protection du site du Grand Ballon et contre un projet immobilier de 2300m2 (heureusement abandonné). Voilà, ce que devraient comprendre et prendre en compte nos élus. La nature est le bien de tous, nul n’en est propriétaire. En effet, la surexploitation et la surfréquentation des Hautes-Vosges sont contraires à l’idée de nature et condamnables parce qu’elles nuisent à la biodiversité.
Des voix se sont élevées par le passé pour freiner ces atteintes à ‘environnement, elles s’élèvent encore plus nombreuses aujourd’hui : il y eut S.O.S Vosges en 1972, en 2008 le Manifeste pour le Grand Ballon, en 2012 et 2013 des actions contre le Pumptrack du Pied du Hohneck, les éoliennes au Col du Bonhomme. A présent, SOS Massif des Vosges reprend le flambeau afin de rassembler et de mobiliser les forces en présence, indignées face à la bêtise, à l’hypocrisie, à la vénalité et à l’arrogance de décideurs dont les projets à répétition procèdent d’une vision à court terme, nous ne saurions assez le répéter.
D’ici à quelques années, voire très bientôt, ce seront les lieux sauvegardés qui seront recherchés par les amoureux de la nature, toujours en plus grand nombre. Sans évoquer, les difficultés économiques dans un tout proche avenir qui vont peser fortement sur les activités liées au tourisme. Alors prochainement, on s’interrogera , comment des décideurs ont-ils pu continuer à concevoir des projets aussi passéistes et en dehors de toute réalité.
Les portillons d’accès au domaine skiable de Lispach, monuments érigés à la gloire de l’absurde, illustrent bien cette course effrénée et sans fin aux aménagements. Nous disons stop, vous n’êtes pas les maîtres du Massif, il vous faudra compter avec nous désormais.
Une « Brimbelle » en colère…
PS : …qui en cache beaucoup d’autres, à bon entendeur salut !