Nous ouvrons une nouvelle rubrique intitulée « Les tartuffes sont partout ». Il ne s’agit pas pour nous de poursuivre, partout ou elle se manifeste, la tartufferie ambiante, la tache est inhumaine et tout simplement hors d’atteinte. Nous nous limiterons à la présentation de quelques exemples emblématiques grappillés ici et là, à la faveur d’une actualité toujours plus baroque et improbable. Ces exemples ne manquent pas, ils sont légions, nous les trouvons dans tous les domaines de la vie publique, mais n’ayant en ce qui nous concerne, aucun souci d’objectivité, nous les rechercherons de préférence dans les déclarations des hommes politiques. Celui à qui revient l’honneur d’inaugurer cette rubrique qui promet d’être prolifique, est le Maire de Saint-Dié, David Valence. Ce n’est sûrement pas un hasard, cet élu s’était il y a peu, déjà signalé à notre attention, lorsqu’il s’était distingué en tentant de surfer sur la vague de la solidarité en faveur des réfugiés tout en annonçant par avance une capacité d’accueil ridicule. Nous n’avions pas eu à l’époque le temps nécessaire à une réaction salutaire. Mais nous étions certains qu’une récidive ne se ferait pas trop attendre, c’est chose faite.
Interview de David Valence (Maire de Saint-Dié) par Vosges matin du 27 décembre 2015
Le journaliste de l’organe du Crédit Mutuel interroge David Valence qui vient d’être élu Conseiller régional sur la déclaration qu’il a faite d’être « un maire à plein temps ». La réponse de notre cumulard local qui je le rappelle est, simultanément et à plein temps, Maire de Saint-Dié-des-Vosges, Conseiller Régional, Président de la communauté de communes de Saint-Dié-des-Vosges (regoupant 9 communes), Président du Pays de la Déodatie (regroupant 94 communes et 15 communautés de communes), Président de l’association des élus du Massif vosgien, ne manque pas de sel.
« Oui. Quand je disais « maire à plein-temps », ça voulait tout simplement dire que je vivrai à Saint-Dié. Que j’y vivrai toute la semaine, ce qui est le cas. C’est une ville où j’habite, où je resterai un élu de proximité, qu’on peut croiser dans la rue, sans aréopage autour de lui, sans protection, sans cour autour de lui et cette dimension de la proximité j’y resterai fidèle, c’est mon tempérament et c’est vraiment ma vision du mandat de maire.
J’ai décidé d’être candidat aux élections régionales parce que je pensais qu’il fallait un représentant de la ville de Saint-Dié-des-Vosges dans ce conseil régional. Ça a toujours été le cas. Je resterai conseiller régional. Je n’ai pas d’ambition autre au sein de ce conseil que de défendre les dossiers de la ville de Saint-Dié-des-Vosges. Je resterai un maire de proximité. Simplement, je m’implique à la Région car c’est un des lieux où l’avenir de Saint-Dié-des-Vosges va se décider. »
On a bien compris, et par delà le vague sentiment d’être, nous les quidams moyens, pris pour des imbéciles, on constate que Monsieur Valence a non seulement le don d’ubiquité, il est Maire à temps complet et il occupe aussi au moins 4 autres fonctions, sans doute à temps partiel, et peut-être la nuit, mais il est également irremplaçable et selon ses propres déclarations le seul à pouvoir représenter et défendre les intérêts de la ville de Saint-Dié à la Région. Les élus de sa liste municipale, adjoints et conseillers doivent de toute urgence se poser des questions sur leurs capacités et leurs compétences, au moins dans l’esprit de celui qu’ils ont élu Maire. L’idée qu’un de ces élus puisse représenter Saint-Dié à la Région n’a pas effleuré l’entendement du grand homme !
Non seulement Monsieur Valence professe, avec innocence, un dédain rarement avoué pour ses colistiers, mais il n’hésite pas à abuser de l’oxymore, voire à flirter dangereusement avec la dissonance cognitive, dans ses déclarations publiques, apportant ainsi sa pierre au monument de la tartufferie généralisée, édifié méthodiquement par une classe politique dont chaque digne représentant est capable aujourd’hui d’affirmer la chose et son contraire dans la même phrase.1
Encore bravo Monsieur Valence pour votre remarquable et remarquée contribution à la promotion du tout et du n’importe quoi, à l’entretien de la confusion dans ce monde, et au développement de l’insignifiance.
Le 27 décembre 2015
Gracchus
1 C’est d’ailleurs à cela qu’ils se reconnaissent.