Au Conseil municipal de La Bresse du 16 septembre dernier fut abordé au point 19, la demande de distraction du régime forestier d’une parcelle cadastrée B 495 située au dessus de Belle Hutte. Demande qui fut approuvée par 25 voix pour et deux abstentions.
Comme son nom l’indique « la distraction du régime forestier » est une décision qui permet de s’abstraire des réglementations du code forestier sur la parcelle concernée. L’assemblée communale doit voter une demande de distraction, ce qu’elle vient de faire, puis l’ONF doit donner un avis et enfin le Préfet prend un arrêté de distraction. S’il refuse, c’est au ministre chargé des forêts. que revient la décision.
Évidemment personne ne peut imaginer qu’une telle demande se fasse sans raison sérieuse de la part d’une commune, d’autant que la surface de cette parcelle est d’un peu moins de 4 hectares (39 430 m2). En général pour ne pas dire toujours, lorsque une telle délibération est présentée aux élus d’un Conseil municipal elle est accompagnée des raisons précises et argumentées qui la motive. Ce qui paraît pour le moins normal et nécessaire à une décision éclairée. Les conseillers municipaux de La Bresse devant approuver ou non cette demande, il serait étonnant, connaissant leur haut niveau d’exigence démocratique – somme toute bien naturel pour un élu – qu’ils acceptent de voter pour une décision dont ils ne connaissent ni les tenants ni les aboutissants.
Eh bien je dois dire que la surprise et la déception furent totales !
A La Bresse il semblerait que l’on puisse faire voter n’importe quoi au conseillers municipaux (à l’exception de deux d’entre-eux)
Qu’en est-il exactement : l’exposé des motifs de la délibération fut on ne peut plus sommaire, il tient dans cette phrase sibylline : « En effet, des projets présentant des constructions sont en cours d’élaboration ».
Devant un tel souci de transparence à l’égard des conseillers municipaux et des habitants de la commune, il y eut tout de même une conseillère de la minorité qui se risqua à poser la question suivante : « Comment ce terrain sera-t-il utilisé ? », c’était bien le minimum que l’on puisse demander dans de telles circonstances. Et c’est là qu’intervient l’adjoint Marchal dont la réponse, notée dans le compte rendu, mérite un encadrement en or massif et une place en haut du podium du « concours des foutages de gueules » :
«Cette parcelle a fait l’objet de plusieurs idées notamment celle de l’installation d’une distillerie mais sans concrétisation. Pour l’instant, il est question de devancer la démarche de distraction de cette surface afin de gagner du temps et ne pas bloquer les éventuels futurs projets.»
Un distillerie ? ….. sur quatre hectares ? …… C’est une belle installation industrielle ! Juste à coté des habitations de Belles-Huttes et tout à fait en face, de l’autre coté de la route et de la rivière, de la station de ski « La Bresse Hohneck ». Ben voyons !
Si Monsieur l’adjoint Marchal avait annoncé un projet de centrale nucléaire, on aurait à peine été plus surpris !!!
Mais on est rassuré puisque c’était une idée « sans concrétisation » Ouf ! on l’a échappé belle, surtout les habitants de Belle Hutte et encore plus la société « Labellemontagne » gestionnaire de la station de ski située juste en face !!!
« Bon sang, mais c’est bien sûr » comme se serait écrié le commissaire Bourrel, Labellemontagne, toujours en manque de place de stationnements, n’aurait-elle pas suggéré aimablement à quelques élus, que cette forêt communale une fois libérée de ses arbres et consciencieusement goudronnée, serait le lieu rêvé pour installer un énième parking à proximité immédiate de la station ? Tout en leur recommandant bien sûr la plus grande discrétion, on ne sait jamais, mon brave monsieur, certains esprits mal intentionnés…..Sans compter l’approche des élections municipales.
Et c’est ainsi qu’intervint Monsieur l’adjoint Marchal, oserais-je dire avec ses gros sabots, en tentant de nous masquer un parking derrière une distillerie1 !
Oui mais m’objecterez-vous, il fut déjà évoqué dans les années 2007-2008 des projets d’urbanisation de ce site. C’est vrai, mais alors s’il s’agissait aujourd’hui de les ressortir des cartons pourquoi ne pas l’annoncer précisément et nous inventer la fable grotesque de la distillerie ?
L’ultime explication avancée : « Pour l’instant, il est question de devancer la démarche de distraction de cette surface afin de gagner du temps et ne pas bloquer les éventuels futurs projets.» ouvre la porte à la même opération de distraction sur à peu près toute la forêt communale. Car si l’on entend bien, en réalité, toujours selon l’adjoint Marchal, il n’y a aujourd’hui aucun projet sur ce site, mais on va gagner du temps au cas où peut-être on pourrait envisager la possibilité d’un éventuel futur projet.
Si on avait voulu prendre les élus pour des billes on ne s’y serait pas pris autrement. Et ce qui est le plus inquiétant c’est que cela ait si bien fonctionné.
Le 15 décembre 2019
Dominique Humbert alias Gracchus
1 M. Marchal s’est fait une spécialité des distilleries puisque il est à l’origine de l’installation de la distillerie communale du pont de Blanchemer. Petit équipement au service des habitants sans commune mesure avec une distillerie industrielle.
One Response to Quand l’adjoint Marchal mène ses collègues en bateau !