Début septembre, Dominique Humbert a été la cible de quelques individus qui se sont crus autorisés au motif qu’ils seraient nés ici, d’appeler dans une pétition leurs semblables à l’expulser en Corse !
« Les imbéciles heureux qui sont nés quelque part » comme le chantait Brassens « osent tout », ainsi que l’exprimait Audiard à propos de leurs proches cousins, et il ajoutait « c’est même à cela qu’on les reconnaît ».
Cette pétition qui, avant d’avoir été retirée du site car contraire au règlement de celui-ci en matière de harcèlement, a connu un succès apparent puisqu’elle comptait déjà plus de 400 signatures. Cependant à y regarder d’un peu plus près et grâce à quelques opérations, dont nous conservons le secret, nous avons obtenu une liste importante de signataires qui ne sont normalement pas visibles sur ce site. Ce qui finit de persuader, vous l’aurez compris, les « courageux signataires anonymes» à se précipiter sur leur souris pour approuver ce qui leur ressemble et que l’on trouve habituellement dans le fond des poubelles. Et avantage supplémentaire, on peut signer autant de fois que l’on veut : certains ont signé 7 fois, c’est tout a fait possible sur Change.org. A partir du même ordinateur on peut signer autant de fois que l’on veut en modifiant simplement l’adresse mail. Le site ne relève ni ne compare les adresses IP et ne demande aucune confirmation par mail. Ce qui laisse toute latitude pour bourrer les urnes !! Ce qui a été pratiqué ici à grande échelle. Mais que peut-on attendre de gens qui se cachent, qui pratiquent l’insulte et qui vivent dans la fange ? Sûrement pas qu’ils fassent preuve d’honnêteté intellectuelle.
Une analyse attentive des listes de signataires donne une idée de l’origine et du profil de ceux-ci, qui dans leur majorité, ont signé à partir d’une page facebook et sont plutôt jeunes, issus en partie des réseaux de motards et des aficionados des loisirs motorisés en tout genre ! On trouve aussi quelques vieux « d’ici », affilié de près ou de loin à cette association qui fait profession de défendre le développement du massif, mais qui en réalité est là pour représenter et défendre les gros intérêts particuliers de quelques uns. Elle se distingue aussi par la qualité de ses deux derniers Présidents, l’un à la présidence éphémère (moins d’un an) coutumier de vitupérations insignifiantes sur un site d’information qui lui ouvre ses pages, et l’autre, incapable d’aligner deux phrases sensées dans ses très rares prises de paroles. J’ai nommé l’AEDMV
Vous n’êtes pas du même avis qu’eux ? Vous devez déménager ! Vous n’êtes pas nés dans le même terroir qu’eux ? Vous devez déménager, vous n’avez rien à faire chez eux. Vous agissez pour vos idées qui ne sont pas les leurs ? Vous devez partir au plus vite.
Eux, ils se nomment les « gens d’ici ». Qui sont ces gens qui osent ainsi exprimer leur haine de l’autre, de celui qui ne leur ressemble pas ? Eh bien nous l’ignorons. Ils se cachent et du fond de leur cloaque ils encouragent leurs semblables à faire comme eux. Il n’est pas excessif de penser que dans certaines situations particulières, peut-être pas si lointaines, ces tristes personnages organiseraient des commandos masqués et cagoulés, afin d’assouvir par la violence la haine qu’ils portent en eux.
Trouver normal et naturel de demander l’expulsion de quelqu’un, dont le seul tort est de ne pas penser comme vous, suscite chez la plupart des gens sensés, d’abord le dégoût puis renvoie inévitablement aux pages sombres de l’histoire.
Laisser penser à des jeunes, dont facebook est la seule lecture et dont la capacité de jugement est égale à celle d’une huître, qu’il est naturel de cliquer pour demander l’expulsion d’une personne, ouvre la voie à toutes les dérives et prépare au retour des pires périodes que la civilisation ait connues
On habitue d’abord les esprits (faibles) puis il ne reste plus que de passer à l’action. N’est-ce pas ainsi que débutèrent nombre d’exactions crapuleuses dans l’histoire.
Il n’est d’ailleurs pas nécessaire de remonter loin dans le temps. Il y a quelques mois au Honduras une militante écologiste, Berta Caceres, était froidement abattue car son combat « dérangeait » certains intérêts. Alors bien sûr me direz-vous, nous n’en sommes, et c’est heureux, pas encore là, mais n’oubliez pas cette phrase de Berthold Brecht : « le ventre est encore fécond d’où a surgi la bête immonde » et si quelques imbéciles heureux de nos vallées, sans doute plus par crétinisme aigu, qu’animés par des intentions liberticides jouent avec le feu sans conscience et sans réflexion, leur action aura tôt fait de réveiller cette bête immonde.
Les adultes qui ont initié cette pétition et les quelques imbéciles heureux qui ont cru devoir la soutenir, l’un d’entre eux, identifié cette fois, osant même produire un texte dont la médiocrité le dispute à la vilenie, (nous y reviendrons dans un prochain article), ceux-là portent une lourde responsabilité envers l’avenir. Ils ouvrent la porte à toutes les exclusions et leur misérable pédagogie vomit cet unique message : l’autre, celui qui est différent, qui ne pense pas comme moi, celui là doit partir. Ces gens s’apparentent aux soudards du monde dont les seuls arguments, s’appuient sur l’inexistence de toute pensée et qui trouvent dans la force brutale et l’excès de testostérone leur raison de vivre.
Ces « peûtes bêtes » comme les aurait qualifiés ma grand-mère bressaude sont la honte de nos vallées et ne représentent surtout pas ceux qu’ils nomment les gens d’ici. Ils contribuent au contraire, en laissant penser que les Bressauds leur ressemblent, à dégrader l’image de La Bresse et des Bressauds et au-delà de l’humanité toute entière.
Le 11 octobre 2016
Gracchus
Texte lu le 09 septembre 2016 à Epinal lors du rassemblement de soutien à Dominique Humbert
La pétition de la honte
Solidaire des actions menées par Dominique Humbert mon époux, membre des associations de défense de l’environnement qu’il a mises en place et à ce titre également visée, même si je ne suis pas nommée dans les propos abjects de ladite pétition, par cette indigne injonction qui nous est adressée de quitter les Vosges, vous comprendrez que je réagisse.
Comme l’a écrit Antoine Chonion, « il ne s’agit pas d’un mouvement d’humeur que l’on pourrait qualifier avec mépris mais d’une attaque en règle » dirigée par le truchement d’une pétition nauséabonde contre une personne, en l’occurrence Dominique Humbert, mon compagnon dans les combats militants que nous menons depuis de longues décennies et mon compagnon de vie.
Notre couple a été atteint dans ses droits les plus imprescriptibles, ceux de la liberté de parole, de débattre. Nous deux mais également toutes celles et ceux avec lesquels nous partageons les mêmes idéaux. Cette pétition entachée de déshonneur pour ses auteurs et ceux qui y ont apporté leurs signatures, révèle une grande impuissance : agresser nominalement une personne n’est que la traduction d’une incapacité à débattre autour d’idées. Il faut souligner que quand Dominique Humbert est jeté aux chiens, ce sont nos combats, les valeurs que nous défendons qui dérangent car nous sommes de plus en plus nombreux à les revendiquer, à souhaiter la protection de notre Massif des Vosges.
Il est bien sûr toujours étonnant de voir s’étaler la petitesse de certains de nos concitoyens. La haine est mauvaise conseillère et qui croyait prendre peut être pris à son tour. La Justice va maintenant prendre le relais et faire son travail. En effet les auteurs et signataires de ce délire haineux ont oublié que leurs écrits peuvent être passibles de sanctions. Il n’est pas supportable qu’un groupe d’individus puisse impunément tenter de bâillonner la liberté de parole.
Le ton de cette pétition nous rappelle les tristes moments de notre histoire qui malheureusement ont tendance à resurgir à la moindre occasion : la délation, l’invective haineuse, les relents xénophobes….Et comme le remarque avec justesse un message de soutien : « Cette pétition est caractéristique du sain climat qui peut régner… » dans nos montagnes. Certes, ils s’en donnent tous à cœur joie, ces courageux utilisateurs de Facebook, et des réseaux sociaux pour une fois qu’ils peuvent s’exprimer sans s’exposer, vomissant leurs vaines insanités. Ils s’en prennent même aux gens instruits et aux écolos que selon un autre message : « il est temps d’éliminer »…Vivre libre les renvoie à leur triste médiocrité et ils enragent.
Merci du fond du coeur à Antoine Chonion pour son initiative ce soir et à vous toutes et tous ici présents, aux soutiens très nombreux que nous avons reçus par courriers électroniques et messages téléphoniques : nous ne sommes pas des valets mais des gens debout qui affichons et qui continuerons d’afficher haut et fort nos opinions.
Merci Dominique je suis fière de toi, comme le sont tes ancêtres bressauds et corses, lignées de combattants anti-fascistes.
Annie Aucante
Membre de Biodiverst’Haies88 et SOS Massif des Vosges