EPHAD La Bresse, une réunion pour rien!
Convoquée par la municipalité, une réunion d’explication sur les augmentations de tarifs à l’EHPAD s’est tenue mardi 26 mai à la salle des fêtes de La Bresse. Environ 60 personnes dont une dizaine d’élus municipaux.
A la tribune, en plus du maire, les deux élus du canton, la vice présidente du Conseil Départemental chargée de la solidarité, le Directeur Général Adjoint des services du département, une représentante de l’Agence Régionale de Santé (ARS) et le directeur de l’EHPAD, ouf!
La vice-Présidente du Conseil Départemental ouvre les débats par cette déclaration extravagante : « Je suis venue pour vous écouter, écouter vos questions… Si ce n ‘est pas une question ce n’est pas grave, vous pouvez simplement nous dire , moi je ne suis pas content parce que depuis que nous avons changé d’établissement, la nourriture ne me convient pas, les chambres ne sont pas adaptés, le personnel ne me plaît pas parce qu’il ne sourit pas. On veut tout savoir sur votre mécontentement ou au contraire on veut aussi savoir ce qui vous plaît. » Dans le genre, je cherche à noyer le poisson et à submerger la poissonnerie, difficile de faire aussi culotté.
Après avoir été recentrée par un intervenant sur le sujet de la réunion, c’est à dire l’augmentation inacceptable des tarifs de journée, la discussion put s’engager.
Comme cela était prévisible et avait été prévu, tout ce beau monde, chacun à son tour , sous des formes et des angles différents a martelé la vérité officielle : il n’y a aucune autre solution que celle de matraquer financièrement les personnes âgées.
Certains nous expliquèrent que c’était ça, ou le retour prochain aux dortoirs mouroirs du 19eme siècle. Selon les mêmes, nous devrions être bien contents de vivre dans un beau pays, où la solidarité envers le troisième âge est portée si haut par le Département qui subventionne massivement les investissements des maisons de retraites. Quand on leur fit remarquer que le taux de subventionnement des investissements venait justement d’être, par eux, réduit de 40 à 25 %, ils continuèrent d’affirmer avec assurance que la solidarité demeurait leur priorité ! Avez vous remarqué cette maladie chronique des politiciens qui consiste à affirmer, contre toute évidence, successivement et à toute occasion, que le sujet dont il parle est leur priorité, et comme ces gens parlent de tout …
La représentante de l’ARS, dont la mission principale était semble-t-il, de comparer le paradis français en matière de solidarité envers le troisième âge, aux enfers belges et allemands dans ce même domaine, nous a, elle aussi, dressé un tableau idyllique, assénant d’interminables théories de chiffres, qui selon elle, devaient démontrer la supériorité incontestable de notre système français sur ceux de nos deux voisins. Ce genre de comparaison qui ignore soigneusement les pays où la situation est meilleure que chez nous, n’a qu’un but, faire comprendre qu’il est urgent de se satisfaire de l’existant, et que ce serait péché de vouloir mieux
D’autres n’hésitèrent pas à agiter la menace d’une diminution du personnel, et par conséquent, d’une baisse des services aux personnes, et pourquoi pas, mais c’est moi qui l’ajoute, d’une suppression des repas un jour sur deux !
Le maire quant à lui, refusant toute recherche de solution alternative comme cela lui fut proposé, se réfugia derrière un leitmotiv qu’il nous resservit à plusieurs reprises comme une leçon bien apprise : « de toute façon, on ne laissera pas quelqu’un au bord de la route » répéta-t-il mécaniquement. Il eut été plus cohérent d’agir pour qu’aucun des résidents ne fut contraint de s’y retrouver, au bord de la route, en augmentant ainsi les tarifs.
Quelle énergie dépensée, pour justifier que l’on impose à nos aînés, dont les modestes retraites sont déjà un scandale en soi, une contribution qui excède leur revenu.
En réalité, ces gens, en bon petit soldat, participent consciencieusement au détricotage du système français de solidarité, mis en place à la fin de la guerre par le Conseil National de la Résistance. Ce faisant, ils accélèrent la précarisation croissante de nouvelles couches de population, mais tiennent absolument à nous faire croire qu’il font cela, au nom de la solidarité qu’ils ont inscrite disent-ils, en haut de leurs préoccupations. Ils sont atteints de ce que l’on nomme en psychologie sociale la dissonance cognitive, ou formulé plus simplement, exprimer une chose et faire le contraire. Cette expérience douloureuse de la contradiction entre une cognition et une action semble de nos jours, affecter massivement la classe politique et les administrations dont les membres consacrent une énergie toujours plus grande à produire un discours en opposition avec leurs actes.
Ils n’hésitent pas non plus, par les moyens les plus médiocres, à convoquer la peur pour tenter d’imposer leurs idées.
Une année après son élection, cette municipalité, qui a fait semblant de s’opposer à l’augmentation des tarifs à l’EHPAD, avant de s’empresser de les voter, révèle sa vraie nature. Elle taxe sans vergogne les personnes les plus vulnérables, alors qu’elle dispose des moyens pour éviter cela.
Nous nous interrogions, à l’occasion du débat d’orientation budgétaire sur la direction dans laquelle comptait s’engager la municipalité. Il est vrai que les déclarations du maire et de son adjointe aux finances faisaient penser à une liste à la Prévert, l’inspiration du poète en moins, plutôt qu’à une vision prospective des évolutions de la commune. La laborieuse litanie des travaux de voirie ne pourra longtemps tenir lieu de projet municipal.
Maintenant nous avons compris. Cette équipe, son maire en tête, est incapable d’élever le débat au dessus de la ligne de solde d’un compte d’exploitation, qu’elle considère comme l’alpha et l’oméga d’une improbable politique municipale. Alors qu’elle dispose d’excédents financiers notablement élevés (qui ne sont pas, contrairement à ce que l’on pourrait croire, le signe d’une bonne gestion, nous y reviendrons dans un prochain article sur la gestion de la commune), le maire se refuse à toute aide directe au budget de l’EHPAD, auquel, et cela lui a été brillamment démontré pendant la réunion, il peut légalement abonder.
Enfin il n’est pas inintéressant de le relever, Vosges matin, le journal du Crédit Mutuel, malgré la présence d’une de ses correspondantes n’a pas jugé utile de publier un mot sur cette réunion ! Un compte rendu objectif n’aurait sans doute pas servi les intérêts bien compris du département et de la mairie !
Le 16 juin 2015
Gracchus