La télévision ne serait-elle pas toujours et encore cet instrument servant uniquement à programmer des émissions à encéphalogramme plat, soporifiques qui nous sont proposées afin de nous maintenir dans un marasme intellectuel et cérébral et de nous manipuler. Le dernier Cash investigation présenté sur Antenne 2 par Elise Lucet nous rabibocherait presque avec la petite lucarne : « les produits chimiques : nos enfants sont en danger », c’était le sujet de l’émission du mardi 2 février et on n’y a pas pratiqué la langue de bois, sur la sellette Monsanto,Dow Chemical, Syngenta, Bayer, BASF, DuPont … Parmi les plus grandes firmes chimiques de la planète.
La journaliste et son équipe, depuis avril 2012, ne cessent de nous alerter sur les méfaits des grands groupes industriels de tous poils, sur la main mise qu’ils exercent sur nos sociétés, les méthodes que ces géants utilisent pour court-circuiter la législation des pays où ils sévissent. Tout est bon pour assurer leur domination et s’exonérer de tout contrôle : publicité mensongère, argent largement distribué, lobbying auprès des politiques et des institutions, intimidations et menaces pour ceux qui tenteraient de se mettre en travers de leur chemin. Pratiquer la désinformation des populations et réaliser un maximum de profits afin de contenter leurs actionnaires au détriment de la santé des peuples, voilà leur priorité ; alors, que nous soyons en danger et particulièrement nos enfants, s’avère bien le cadet de leurs soucis. Mais on commence à connaître la chanson…Oh! la la c’est dérangeant la liberté d’expression, surtout en prime time ! Elise Lucet et ses collaborateurs n’ont pas froid aux yeux et à chaque émission ça cartonne dur : respect pour l’équipe dont l’ implication mérite grandement d’être saluée.
Oui la liberté d’expression devient de plus en plus dérangeante pour nos politiques, c’est ce que nous avons découvert au cours de l’émission. Nous avons eu le loisir de constater aussi que le courage ne fait pas partie des qualités partagées par la brochette d’élus attablés dans un grand, donc coûteux restaurant parisien. Ces messieurs invités par un des grands groupes industriels, Syngenta pour ne pas le nommer, affichant un triste visage, ont clairement montré par leurs propos et leurs attitudes qu’ils étaient ennemis déclarés de toute liberté d’expression.
A notre surprise (pas si surprenante au demeurant), parmi les élus régalés par Syngenta : Jackie Pierre sénateur (LR) des Vosges, Michel Raison sénateur (LR) de la Haute-Saône, René -Paul Savary sénateur (LR) de la Marne et Gérard Bailly sénateur(LR) du Jura trônaient en bonne place autour de la table.
Si ceux-là paraissaient beaucoup apprécié le repas offert par la firme Syngenta, ils n’ont curieusement montré aucun intérêt quant au rôle des pesticides sur notre santé et pas davantage pour les questions de la journaliste sur ce même sujet. Il est évident, que les élus du Grand Est présents à ce déjeuner, ont sans aucun doute, su inspirer ce jour-là confiance à leurs administrés !
Ces hommes représentants de la nation, qui devraient nous défendre, défendre nos enfants contre les crimes de ces multinationales responsables dans le monde entier de malformations congénitales, de dérèglement hormonaux, de leucémies…se gobergeaient ce jour-là sans état d’âme aux frais du groupe en question. Pris la main dans le sac, par une Elise Lucet venue leur apporter une bouteille d’eau polluée à l’atrazine, ils n’ont su que pratiquer la raillerie, l’indifférence face à un poison dont on détecte encore la présence dans l’eau 15 années après son interdiction. (Voir ici une vidéo de 4 minutes 40 extraite de Cash investigation, dans laquelle quatre sénateurs du grand Est présentent une image d’eux-mêmes particulièrement brillante!)
Voici des politiciens qui, en se laissant circonvenir, cautionnent des agissements qui ne cessent de provoquer des catastrophes humanitaires un peu partout sur la planète, qui refusent d’entendre ce que des scientifiques courageux démontrent par le biais d’études ; à savoir qu’au nom du capitalisme, de la mondialisation, de grands trusts commercialisent des pesticides générateurs de maladies de plus en plus graves. Ces maladies frappent notamment les femmes enceintes résidant dans des zones traitées aux pesticides ainsi que leurs fœtus. l A la naissance, les nourrissons sont de plus en plus nombreux à être atteints de malformations cérébrales, entraînant des déficits de la concentration, de l’hyper-activité, des malformations physiques, des leucémies etc. Les cas d’autisme ont également augmenté de façon dramatique. Oui, les pesticides nous empoisonnent avec l’assentiment d’élus tels ceux que nous voyons dans l’émission. La pratique du lobbying auprès des élus au niveau des états, de l’Europe est malheureusement devenue une pratique courante.
Un précédent article montrait déjà les dérives oratoires de deux parlementaires, si j’avais le cœur à plaisanter je dirais que décidément si un député peut en cacher un autre, des députés peuvent aussi cacher des sénateurs… Mais je n’ai pas envie de rire, tant de duplicité est condamnable.
Les citoyens que nous sommes ne doivent ni ne peuvent plus accepter cela. Ces élus, qu’ils soient du Grand Est ou d’ailleurs dans l’hexagone, doivent être partout et sans plus tarder, être interpellés afin de nous rendre des comptes.
Le 15 février 2016
Léa Pétremand